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Le Champ Secret

  • : Le Champ secret, littérature, chanson, théâtre...
  • : Les mots du Champ secret voudraient dire autrement, dans le clair-obscur du sous-bois plutôt que dans la transparence obligée de l’openfield.
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Le Champ secret 

 

création le 11 août 2010

n° de Siret : 524 784 576 00018

Mairie de Maisonnisses

12 rue des Écoliers

23150 Maisonnisses 

 

Promouvoir les pratiques d’écriture sous toutes leurs formes (littérature, chansons, théâtre…) par l’édition, la création de spectacles, l'organisation d’événements, l’animation pédagogique et la formation…

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16 mai 2024 4 16 /05 /mai /2024 11:34

Plus encore que l’année précédente, ami.e.s du Champ secret et du Festival Pliant, l’appel à textes lancé à l’occasion de la 11e édition de cette réjouissante et revigorante manifestation, sur le thème « à peu près », nous a valu un grand afflux de poèmes. Nous en avons sélectionné vingt-cinq pour l’édition d’un recueil à paraître l’automne prochain. Il se pourrait bien – mais n'allez pas l’ébruiter – qu’il soit illustré par Pef, invité d’honneur du Festival et président du jury !

En attendant cette nouvelle merveille, voici les cinq textes qui sont arrivés en tête de notre classement. Toutes nos félicitations à leurs autrices et auteurs !

 

1. Estelle Fournier, À peu près

2. Delphine Fontaine, Happe près

3. Philippe Botella, Les deux amis

4. Daquin Cédric Awouafack, Être poète est une estimation

5. Jessica Plagne, Ballet de l'incertain

 

 

À peu près…

 

J’ai besoin de rester

Sur l’épaisseur du trait,

Dans cette frange floue

Entre les chiens et loups

Où nos âmes divaguent

Sur des sentiments vagues…

La précision m’ennuie

Sans portes de sortie…

Je fuis l’exactitude

Avec ses certitudes

Et j’aime ces rivages

Pas tout à fait atteints,

Ces nébuleux sillages

Qu’on effleure des mains,

Ces proies que l’on croyait

Quasiment condamnées,

S’échappant de nos rets

À peu de choses près,

Ou ces portes de cages

Pas si bien refermées

Où s’engouffre avec rage

Un vent de liberté…

Ces pages écornées,

Pas tout à fait tournées

Auxquelles on revient

Par les soirs de chagrin,

Ce tir manqué de peu

Qui épargne un heureux,

Un fusil négligé

Qui a pu s’enrayer…

La chaleur d’un foyer

Pas vraiment ordonné

Où flottent des jouets

Qu’un l’enfant a laissés…

J’aime ces « à peu près »,

Dénués d’ambition

Chargés d’imperfection

Et qui peuvent prêter

À nos actes manqués

Un peu d’humanité…

 

Estelle Fournier

 

 

Happe près

 

Lire

Peut-être

Écrire

Sans doute

Alors c’est quoi ces à peu près

C’est quoi ces apeurés

C’est moi

Parfois

Qui me noie

Et bois

La tasse

Et puis tout se tasse

Tout s’entasse

Et puis on n’y voit plus rien

On veut sortir

On veut émerger

On veut s’enfoncer

Ça dépend des saisons

Ça dépeint des raisons

Bonnes ou mauvaises

Tendres ou dures

Happe près

Attrape ce qui te tend la main

Happe près

Et surtout

Happe récit

Apprécie

D’être parfois dans l’à peu près

Le pas parfait

L’humain quoi !

 

Delphine Fontaine

 

 

Les deux amis :

 

— Avec un peu d'imagination,

Chacun pourrait voir le soleil

Se lever à l'envers

Et se coucher autant.

Pas vraiment, mais à peu près...

 

— Oui, à peu près...

 

— Regarde !

La mer elle-même se couche sur le soleil

Qui, surpris de tant d'audace,

S'est, lui, couché à l'Est.

Tout lui est dès lors permis, où à peu près

 

— Oui, à peu près...

 

— La lune se mire dans l'eau du caniveau.

Il faut la prévenir :

Elle ne se doute pas

Que l'eau du caniveau 

Est en train de la boire. Du moins, à peu près.

 

— Oui, à peu près...

 

— Chante le merle amour et sur sa branche,

Réjouie, rougit la cerise tandis que

Dans l’œil du crapaud, la lune rousse

Se mire et s'y voit  belle.

Et belle, elle ne l'est pas qu'à peu près.

 

— Oui, à peu près.

 

— Que tu es lassant, ami, aujourd'hui,

Avec tes « oui, à peu près »

Et pas poète pour deux sous

Dis-moi que je t'ennuie

Tant de loin que de près...

 

— Oui, à peu près.

 

Philippe Botella

 

 

Être poète est une estimation

 

Il y a à peu près deux cent poètes dans ma ville

Ce chiffre n’est pas anodin

Car j’ai passé tous les habitants au crible

Afin de jauger leur parole et dégager leur poéticité

Pour cette métrique, la marge est de cinq pour cent

Il pourrait y avoir jusqu’à dix poètes de trop

Des faux positifs, tirés par les cheveux,

Qui brillent sans lumière par des poèmes éphémères

Et qui ne durent que l’instant de la promotion

À l’inverse, il pourrait y avoir jusqu’à dix poètes de moins

Des faux négatifs, poètes sans poème

Qui ont leur muse dans les moindres gestes

Ceux dont l’attitude est une drôle de poésie

 

Daquin Cédric Awouafack

 

 

Ballet de l’incertain

 

À peu près, un monde de nuances floues,

Où la précision se perd dans les contours,

Entre le vrai et le faux, dans un jeu de clair-obscur,

Où le sens se dérobe, échappant à tout sûr.

 

À peu près, dans les rires et les pleurs,

Des émotions teintées de mille couleurs,

Où l'amour se dessine en traits incertains,

Et le bonheur s'effleure, parfois incertain.

 

À peu près, dans le murmure des mots,

Des pensées s'échappent, un peu trop tôt,

Où la vérité se voile d'ambiguïté,

Et la réalité s'éloigne, parfois masquée.

 

À peu près, dans le rythme de la vie,

Des moments s'écoulent, sans garantie,

Où le destin se tisse, à fil délié,

Et le futur se peint, un peu effacé.

 

À peu près, dans cette quête infinie,

Cherchant la certitude, dans l'incertitude assurée,

Où l'essentiel se cache, entre les lignes floues,

Et la beauté se trouve, à peu près, partout.

 

Jessica Plagne

 

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